Heureux habitants de l’Aveyron…et des autres départements français…bonjour
(Philippe Meyer chroniqueur matitudinal sur France Inter en 1988)
Vous l’avez cauchemardé, un certain député aveyronnais l’a fait pour vous (nous tairons son nom par charité pure) : « les femmes enceintes qui fument et qui boivent seraient passibles de sanctions pénales relevant de l’article 223-1 du code pénal soit un an d’emprisonnement et 15000 Euros d’amende (itou pour ceux qui les enfument) » (!).(Agence reuters APM du 26/08, pour les incrédules)
« Pour les autres je ne sais pas mais pour mes patientes, laquelle n’a pas eu 0,2 g d’alcoolémie (le seuil mentionné dans le texte du projet) ? ». C’est ce qui se disait le Dr. G en allumant un barreau de chaise à la fin d’un repas de famille en regardant d’un air suspicieux sa nièce en face de lui…
Voilà une médecine préventive de chez préventif, on a été trop laxiste (on va devenir laxatif et ça va chier aurait dit Jacques Higelin – un chanteur porté sur la proctologie et qui n’est pourtant pas ministre de l’intérieur). On sent émerger une nouvelle branche médicale qu’Hippocrate n’avait pas prévu: la médecine coercitive…(il faudra vite créer des chaires « ad hoc » dans les facultés, y aura t il des volontaires ? )… alors quels changements dans nos pratiques ?
L’obstétricien deviendra-t-il un auxiliaire de police ?
On imagine le praticien de garde réquisitionné pour prélever des alcoolémies chez des femmes enceintes interpellées à la sortie des débits de boissons, quelques incorruptibles vous enjoignant de faire des tests de grossesse à des jeunes femmes raflées à la sortie des boîtes de nuits…
Aurons nous recours aux gamma-GT chez les mères de tout enfant suspect de dysmorphisme né dans la maternité… (le fameux syndrome de « sale gueule » pédiatrique).
Deviendrons-nous des Paponnets médicaux: fonctionnaires serviables et zélés sans état d’âme ?
Devons nous toujours choisir de sauver la mère avant l’enfant ?
Tout obstétricien sait que la scène dramatique du médecin livide prenant à part le mari devant la porte de la chambre de la parturiente en lui demandant de choisir entre la mère ou l’enfant n’est qu’un mythe … car jamais un obstétricien ne sacrifierait une mère pour son enfant (du moins sans lui demander)… mais les choses changent manifestement … la mère devient secondaire, assujettie à son enfant… Finalement, ce n’est pas le caddie qui compte, c’est ce qu’on met dedans…
Alors adaptons nous, pourquoi pas 100% de césariennes à 39 semaines pour améliorer au maximum le pronostic fœtal , doit-on encore s’intéresser à l’avis de la mère en diagnostic prénatal, finalement devrons nous encore nous astreindre de causer avec les mères … et ne devons nous pas opter pour de vraies études de vétérinaires (pour dames).
Un enfant parfait ?
Futures mamans, vous vous méfierez de la vidéo amateur de l’anniversaire de votre conjoint automatiquement datée par votre appareil numérique où l’on vous voit un verre à la main dans un restaurant enfumé….
Vous ne céderez pas aux tentations et vous choisirez une date de conception qui vous évitera la traditionnelle photo de fin d’année avec cotillons, turlututu et bouteilles de champagnes ouvertes sur la table.
L’institutrice de CP débordée qui trouvera votre enfant agité expliquera que peut-être maman un jour s’est laissée aller… alors vous pensez bien que le petit monstre ira fouiller dans vos albums… et qu’alors il aura de bonnes raisons d’en vouloir à sa mère … responsable des ses punitions…
Et le Père dans tout ça ?
Il est promis à un bel avenir, c’est lui qui s’occupera du petit pendant que sa petite femme fera son année de prison. Il pourra en profiter pour divorcer et demander la garde face à une si mauvaise mère.. et vivra des dommages et intérêts qu’il aura demandé pour son enfant…
A moins qu’il ne préfère continuer à fumer ses havanes au salon en sirotant des petits digestifs avec les copains pendant que sa femme bosse à la cuisine entre 2 accouchements (loin des fumées de tabac)…
Tient ! ça rappelle une scène paysanne aveyronnaise du siècle passé….
Aux dernières nouvelles, ce projet n’a aucune chance de passer paraît-il, les députés, en manque de médecine préventive, préférant se concentrer sur la défense de nos produits viticoles … qui sont paraît-il sans risque….
« Quand le produit est bon… » dit un proverbe aveyronnais.