Récemment le Dr G errait en salle d’accouchement lors d’une de ses gardes, quand, pour meubler la conversation, il parla du protocole d’étude de césarienne qui devait prochainement démarrer dans le service.
Que n’avait-il pas dit… la sage-femme de garde le voua aux gémonies, lui et son étude.
Qu’y a-t-il mon enfant? commença-t-il, voulant faire le malin…
Mais le ton n’était vraiment pas à la plaisanterie.
Bref s’enquérant du pourquoi tant de haine, il lui fut répondu que cette étude perturbait profondément la mise en route de la relation mère-enfant et le phénomène d’attachement à la naissance…
– Quoi ? dit le Dr G, le fait de se pencher sur le couple mère-enfant, et de compter pendant quelques minutes ses mouvements respiratoires… – Oui lui fut-il répondu, y’a des choses que seules les femmes peuvent comprendre…
– ???
A la réflexion le Dr G peut dire que NON, NON, car les pêcheurs de la baie d’Along qui couvent eux-mêmes des oeufs de cormoran pour être là à l’éclosion de manière à ce que les oiseaux s’attachent à eux l’ont compris… et pourtant ce sont des hommes. Et les oiseaux pêcheront toute leur vie au bénéfice de ce qu’ils penseront être leur mère et qui n’est qu’un leurre (le pêcheur) auquel ils se seront attachés, qui plus est masculin… comme c’est complexe.
Mais alors la question est : « les enfants sont- ils des oiseaux » ?
Les oiseaux descendent des reptiles et ont donc un cerveau reptilien léger qui leur donne le port altier, l’homme est affublé d’un cortex qui lui alourdit le pôle céphalique et l’oblige à soutenir son menton avec sa main quand il réfléchit, nous avons tous à l’esprit le penseur de Rodin… et l’interne de garde, passé 18 heures. Quand le Dr G a commencé sa carrière, les citations de Simone de Beauvoir remplissaient le journal alors révolutionnaire « Libération » « on ne naît pas femme on le devient », la maternité n’allait pas de soi… Puis sont apparus les psychologues qui rejouaient des scènes primordiales dans les salles d’accouchements dont on parlait toujours dans « Libération », journal plein d’avenir qui donnait la voie aux analystes de tout poil… déjà la femme ne maitrisait plus ce qu’elle ressentait…
Voilà maintenant qu’apparaissent les sensitifs pour lesquels le cortex doit disparaître au profit de la sensation épidermico-tronculaire qui fait l’avenir de l’homme comme l’explique maintenant « Libération » le journal en mal de lecteurs. Finalement, oublions la culture, oublions l’intelligence, faites confiance au sensitif pour vivre un monde meilleur.
Mesdames les sages-femmes, vous pour qui le frisson capillaire doit remplacer la cérébralisation, je ne mets pas en doute votre bonne foi mais sachez que la femme est aussi, entre autres, un être cortiqué, qui même dans ce moment d’intense émotion primale peut comprendre qu’on puisse quelques instants se pencher sur son bébé sans que cela ne le transforme obligatoirement en futur psychotique.
Le phénomène d’attachement existe mais il est sans doute très différent chez l’homme, même Konrad Lorentz le savait… on peut s’attacher très tard, pratiquement toute sa vie à nos semblables, on peut s’attacher à plusieurs, et on ne confondra pas nos parents avec des lampadaires même quand on est né par césarienne, et que c’est le scialytique qui nous a réchauffé en premier… alors que les oies vont les confondre avec des ULM si on les fait éclore sous leurs ailes.
Ce bébé, que sa mère voudrait garder pour elle toute seule, passera, dès la fin du congé maternité, le plus clair de son temps avec d’autres, et même si on le mettait sous cloche pour lui éviter les « mauvaises influences », faites lui confiance pour s’imprégner surtout par ce qui pour lui sort de l’ordinaire c’est à dire essentiellement ce que vous lui avez caché ou interdit…
Le métier de parent c’est très difficile, celui qui dispose d’une recette miracle doit croire au miracle … On n’éduque pas les enfants sans tenir compte des autres, même si les autres se penchent sur leur berceau avec un chronomètre.
C’est ainsi que la médecine est grande… Dr G, mars 2009