L’autre matin au soviet du service (le Dr G préfère ce terme à son équivalent anglo-saxon de staff, d’abord parce que ce n’est pas de l’anglais dont on a truffé notre belle langue pour faire efficace, parce que notre belle Alsace est un pays de l’Est de la France, mais aussi parce que le soviet était une chambre représentative (dans la théorie au moins) alors que le staff ne concerne que les dirigeants (militaires de surcroit) et enfin pour la réminiscence du temps ou le monde était biparti… et où il y avait un autre choix que celui de Mme Tatcher : TINA (there is no alternative). Bref, l’autre matin la discussion prenait un tour prolongé quand un praticien a clos le dossier en affirmant « c’est un cas social » et immédiatement l’on parla d’autre ou le médecin chose. En effet s’il est un domaine où le médecin s’autorise à « baisser les bras » c’est bien le cas social, là où l’on sait que s’investir plus, serait à fond perdu, le problème débordant largement la compétence médicale…
Le code de déontologie nous fait obligation de dispenser les mêmes soins sans distinction d’origine sociale alors, sans doute pour ne pas être influencé, on a pris l’habitude de ne même pas mentionner le statut social des patientes… ce qui parfois réserve des surprises… Car voici que l’autre matin le même confrère fait biper le Dr G de garde pour lui présenter avec compoction une patiente de 32 – 33 ans en lui 91 expliquant qu’elle avait déjà accouché une première fois mais qu’elle avait eu des douleurs périnéales terribles dans le post-partum …
– Fracture du coccyx ? s’enquit le Dr G ?
– Non, la radio était normale, mais ça a fait très mal pendant 15 jours répondit la parturiente…
– Suture? voulait demander le Dr G mais… … mais déjà le collègue avait repris la main en disant qu’elle était « terriblement » traumatisée par cet accouchement, que ce bébé lui semblait gros, qu’il avait très bien examiné cette patiente et qu’effectivement ce jour, à 39 semaines d’aménorrhée, le status était « archi » défavorable et que donc s’il n’y voyait pas d’inconvénient, il proposait au Dr G de garde ce jour de faire une césarienne en fin de matinée d’ailleurs la patiente était à jeun… et le regardait en fronçant les sourcils d’un air sombre… Le dos au mur le Dr G répondit « d’accord » ce qui eut pour effet de radoucir immédiatement la physionomie de la)dite patiente… Il sortit, suivi de son confrère qui lui glissa dans le couloir « tu comprends c’est une avocate et elle veut absolument une césarienne… »
Encore un « cas social » pensa le Dr G, inutile de s’investir plus….
Car c’est ainsi que la médecine est grande… Dr G