Le protocole salutationnaire duCLIN

    On ne le dira jamais assez le microbe c’est l’ennemi. Mais l’ennemi se camoufle sous le sourire de votre meilleur ami et néanmoins confrère qui tient à vous saluer le matin.

    Le CLIN tient à mettre en garde l’ensemble du corps médical : « attention à votre entourage !», ce sont aussi des vecteurs de germes. Ainsi au croisement des nécessités contradictoires de la socialisation (qu’on ne voudrait surtout pas omettre) et de l’hygiène (qui devrait être une préoccupation de tous nos instants), le CLIN en collaboration avec le service d’hygiène de l’hôpital a tenu à mettre au point ce protocole à effet d’application immédiate.

    Il a été listé les causes essentielles de contamination intrapersonnelle à l’hôpital et les 4 propositions faites pour y remédier.

    Le protocole salutationnaire du CLIN

    Le premier réservoir de germes est la cavité buccale.  Dans la mythologie grecque la gorgone vomissait des serpents, nous vomissons quotidiennement nombres de germes. Le CLIN a donc décidé que dorénavant si vous êtes pris de court sans masque le matin par exemple par votre collègue qui arrive vers vous dans le fond du couloir tout sourire en vous tendant la main, la règle est la tête à droite. Regarder à droite ainsi vos bouches respectives seront opposées évitant l’échange de gouttelettes de Pfluge. Le CLIN a choisi en séance plénière la droite à 62% contre 32% pour la gauche et 6% qui proposait la solution extrême utopique de la rotation à 180° qui n’est plus compatible avec l’âge de la majorité des chefs de service mais la remarque a paru pertinente.

    Ainsi pour améliorer la procédure on propose de se servir de la main gauche en écran devant la bouche en orientant le flux d’air également à droite : ainsi on arrive presque au même résultat que la rotation à 180°. On estime ainsi à 23,78% la diminution du taux d’échange des strepto A.

    Deuxièmement la poignée de main.  Cette coutume culturellement ancrée pourrait être avantageusement remplacée par d’autres types de salutations excluant le contact physique, la main droite levée, le bras tendu parallèle au sol en avant loin du sol réservoir de microbes par exemple mais le CLIN sait qu’un tel sujet risquerait de soulever une opposition trop forte des praticiens les plus âgés, la proposition a paru trop novatrice à la direction pour être appliquée avant quelques années. Pour l’instant nous vous proposons le port du gant, mais si par hasard votre collègue devait vous serrer la main par surprise en sortant d’une chambre de patient, vous devez impérativement serrer la main droite puis le geste terminé, soutenir votre main droite avec votre main gauche à la hauteur du poignet et courir le plus rapidement possible vers le lavabo le plus proche (les lavabos seront signalés par un affichage fluo avec sirène sonore quand on s’en approche à moins de 3 mètres. Si la porte est fermée l’agent devra lâcher sa main droite et impérativement ouvrir la poignée de la main gauche (que n’a pas touché le collègue) et ressaisir immédiatement son poignet. Des solutions décontaminations seront proposées à chaque point d’eau et leurs conditions d’usage affichées. On estime à 22, 67% la baisse d’échange de E Coli par ces mesures.

    Troisièment la tenue vestimentaire et l’arrivée au service . Tous les agents changent de tenue quotidiennement en arrivant au service. Les vestiaires devraient être déplacés à l’entrée de l’établissement, et non pas dans les locaux de travail. Une douche devrait être obligatoire, leur surveillance pourrait être confiée aux agents de la société de sécurité qui résident à l’entrée de l’hôpital. Le passage au WC avant la douche est obligatoire avec capteur d’efficacité. L’apport de bouteilles d’eau que certaines infirmières ont tendance à systématiser sera formellement interdit, celà réduira l’usage des WC dans le service dont à terme on envisage la suppression vu l’effet déplorable sur la densité de germes. Au sortir de la douche, il faudra éviter au maximum le brassage des personnes : on pourrait par exemple prévoir un système de grilles qui isolerait les files d’agents se dirigeant vers chacun des services de l’hôpital. Ces grilles seront désinfectées automatiquement par des pulvérisateurs installés au plafond. Il a été scientifiquement prouvé une baisse de 21,94% du taux d’infection à shigelles reposa.

    Quatrièmement : appel au sens de la responsabilité des agents . Le CLIN vous rappelle que l’hygiène n’est pas seulement une attitude à cultiver sur son lieu de travail, c’est une philosophie dont nous devons nous imprégner. Nous nous devons d’alerter les agents sur certaines pratiques qui sont de véritables incitations à l’infection. Il s’agît de certains usages sexuels, notamment des pratiques dites contre-nature qui consistent à mettre en contact des zones ayant chacune leur écologie bactérienne dont on active le brassage (1). Il faudrait limiter voire supprimer ces pratiques : on conseillera dans un premier temps de les limiter au premier 1/3 des absences (soit 10 jours sur une absence de 20 jours en conseillant l’usage d’une antiseptie rigoureuse le reste de l’absence). Il n’est pas autorisé pour l’instant d’organiser des contrôles, mais un appel appuyé à la responsabilité de tous nous a paru indispensable. Ce protocole réduit de 35,8% le taux de transmission du Rigomolas barbibalis qui constitue un authentique marqueur bactériologique de ces pratiques.

    Nous vous rappelons que la consommation de certains fromages à pâte crue présente le même risque bactériologique et devrait par là faire l’objet des mêmes précautions en attendant leur éviction complète heureusement prévue prochainement par la mission européenne pour l’hygiène.

    En espérant que vous comprendrez le bien-fondé de ces mesures destinées au bien de tous, nous comptons sur le soutien non seulement actif mais enthousiaste de tous les agents.

    Car c’est ainsi que la médecine est grande

    Note :

    (1) Le Dr G. n’est pas un fanatique de la grivoiserie, il s’agit là de faire œuvre d’objectivité journalistique…. cette remarque a été effectivement faite par un formateur professionnel en hygiène dans un petit établissement d’une vallée alsacienne bien connue.